Me promenant sur Internet, je trouve l'homélie de mon Doyen à Arlon pour le Vendredi Saint. Rassurez-vous, elle est courte.
Je trouve que la conclusion est très forte. Elle nous ramène, je pense, à l'essentiel de notre confession, de notre croyance !
Le vendredi saint n'est pas un anniversaire ! Le drame de ce vendredi, ce n'est pas le rappel d'une histoire du passé, c'est notre drame à tous aujourd'hui, le mien et le vôtre. Devant la souffrance et la mort, la trahison et l'abandon, nous sommes tous en sursis. Et puis, si je regarde autour de moi, si j'ose entendre les cris du monde, je ne puis que faire ce constat : les forces du mal sont partout présentes, la croix est toujours bien dressée au cœur de notre humanité.
A Béthanie, quelques jours avant la Pâque, Jésus confiait un étrange et ultime message : "Des pauvres, disait-il, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours."
Ces mots, ce soir, Jésus les redit au cœur de chacun de nous, au cœur de tous ceux qui prennent un peu de temps pour veiller avec lui.
En regardant la croix de Jésus, je comprends tout à coup le sens de ses paroles. Son visage tuméfié, c'est celui de tous les pauvres, de tous les souffrants de tous les temps. Tous ceux que la vie a meurtris, qui ont perdu la santé, réputation, travail, bien-être, amitié, espérance ou goût de vivre. Je pense tout particulièrement en ce jour à tous nos frères chrétiens du Moyen-Orient, de Palestine, d'Irak et des autres coins de cette terre meurtrie. Les intrusions étrangères qui ont été menées là-bas ces dernières décennies n'ont fait qu'attiser l'intégrisme musulman qui s'en prend aujourd'hui aux minorités chrétiennes qui vivent dans la peur et le plus grand dénuement. L'assassinat de l'archevêque de Mossoul la semaine dernière n'est qu'une triste péripétie de ce drame humain vécu dans la quasi-indifférence du monde, de l'Occident particulièrement.
Tous ces frères abandonnés, là-bas, comme tous les mal-aimés du monde entier, tous les défigurés, tous les délaissés, tous les souffrants, le Vendredi saint, dans une étrange passion d'amour, Dieu les a épousés. Désormais, ils ne font plus qu'un. Dieu et le pauvre.
Leur passion, elle se vit aujourd'hui. Regardez vers le Christ en croix, c'est accepter de voir la souffrance du monde, c'est accepter d'entendre un appel à le suivre jusqu'au bout.
"C'est à nous de prendre sa place aujourd'hui pour que rien de lui ne s'efface."
Abbé Jean-Marie JADOT – Doyen de Saint-Martin à Arlon
J'ouvre la réflexion : Que pouvons nous faire, concrètement, nous, chrétiens du XXIè siècle?